Epoque pré-impériale dite des Trois Dynasties (San Dai)
Il s'agit de la période comprenant les dynasties Xia (2207-1766 av. J.-C.), Shang (1765-1122 av. J.-C.) et Zhou (1121-722 av. J.-C.). La pratique la médecine à cette époque n’est pas bien connue, car aucun texte aussi ancien n'a pu être conservé jusqu'à nos jours. Seuls quelques instruments (aiguilles d'acupuncture notamment) témoignent de l’existence d’une médecine chinoise primitive, il y a plus de trois mille ans. De plus, un certain nombre d'idéogrammes médicaux anciens, gravés sur os ou sur carapace de tortue, remontant au XIIIe s. av. J.-C., ont été découverts. Il est admis que, dès le XXIe s. av. J.-C., des connaissances empiriques sur la pathologie et la thérapeutique ont été accumulées dans les sociétés chinoises primitives. Ce savoir empirique va s'approfondir et se perfectionner jusqu'au Ve s. av. J.-C.
Epoque des Printemps et Automnes (Chun Qiu) et des Royaumes Combattants (Zhang Guo)
L’époque des Printemps et Automnes (722 - 481 av. J.-C.) correspond à la fin de la phase de développement strictement empirique de la médecine chinoise et au début de sa transformation en système médical cohérent. Au VIe s. av. J.-C., naissent deux personnages dont la pensée exercera une influence déterminante sur la philosophie chinoise, et indirectement sur sa médecine : Kong Zi (Confucius, selon son nom latinisé par les jésuites au XVIIe siècle), fondateur du confucianisme, et Lao Zi, auteur présumé du Dao De Jing (Classique de la Voie et de sa Vertu) et fondateur du taoïsme. Il faut noter que, vers le Ve s.av. J.-C., les médecins commencent à former une corporation indépendante des prêtres et des magiciens, alors qu'à la même époque, Hippocrate, rompant avec la tradition d'une médecine intégrée à la religion, crée la première forme d'enseignement Laïque de cette discipline.
2 Huangdi Nei Jing « Canon interne de l’Empereur jaune », également appelé Nei Jing
Il s'agit du plus ancien livre de médecine chinoise connu. Il fut composé à partir de manuscrits médicaux élaborés sous les Royaumes Combattants (403-222 av. J.-C.) et mis en forme sous la dynastie des Han (221 av. JC- 220 ap. J.-C.). Son attribution à l'Empereur jaune Huang Di, fondateur légendaire de la civilisation chinoise, bien qu'habituelle, est dénuée de fondement historique. Présenté sous Forme de dialogue, il met en présence l'empereur
Huang Di et son médecin Qi Bo, qui, par leurs questions et leurs réponses, posent les Fondements de la pensée médicale chinoise.
Cet ouvrage en dix-huit rouleaux est composé de deux parties, le Su Wen et le Ling Shu. Le Su Wen « Questions simples », est consacré aux fondements de la théorie médicale. Le Ling Shu «Axe spirituel » est orienté sur les pratiques de l'acupuncture.
L'édition du Su Wen la plus usitée de nos jours est celle commentée et annotée en 762 par Wang Bing et rectifiée au XIe siècle par Lin Yi.
Cette période est également marquée par l'existence d'un des premiers grands noms de la médecine chinoise : Bian Que, également appelé Qin Yue Ren, expert en nombreux aspects du diagnostic et du traitement. On lui attribue deux ouvrages, aujourd'hui disparus : le Bian Que Nei Jing (Classique interne de Bian Que) et le Bian Que Wai Jing (Classique externe de Bian Que). Sans certitude objective, il est considéré comme l'auteur d'un ouvrage de référence, couramment utilisé aujourd'hui, particulièrement en acupuncture : le Nan Jing (Classique des Difficultés).
Nan Jing « Classique des difficultés »
Ce livre est paru entre le Ier et le IIe siècle de notre ère. Bien que son auteur soit inconnu, il est de tradition de l'attribuer à Bian Que. Son objet est d'élucider à travers quatre-vingt une questions les difficultés du Nei jing, tant au point de vue physiopathologique que thérapeutique. L'époque des Royaumes Combattants (453-221 av. J.-C.) est une période clef durant laquelle la médecine chinoise devient une « médecine savante » à part entière. La plupart des concepts théoriques et des fondements dialectiques sont élaborés à cette époque. Il est probable que la médecine chinoise a emprunté, à cette époque, un certain nombre de principes aux sciences antiques, plus particulièrement à l'astronomie, à la musique et aux mathématiques.
Mais c'est dans la philosophie que ce système médical trouve réellement ses fondements, plus particulièrement dans les théories de l'« Energie vitale» (Jing Qi Xue Shuo) et du « Yin/Yang et Cinq Mouvements » (Yin Yang Wu Xing). Grâce à l'application de ce mode de représentation et de codification de l'univers et de ses phénomènes aux expériences accumulées pendant des siècles, la médecine chinoise acquiert toute sa cohérence interne.
Dynastie Qin (221-206 av. J.-C.)
En 221 av. J.-C., le roi Zheng sort vainqueur des nombreux conflits de territoires entre royaumes qui agitaient la Chine depuis plusieurs siècles, et il devient le premier véritable empereur, sous le nom de Qin Shi Huang Di. Tout en unifiant le territoire, il attire auprès de lui un grand nombre de savants, médecins et alchimistes, dont les investigations s'orientent essentiellement vers les techniques de longévité et la recherche de l'immortalité. Cependant, pour réprimer la résistance des lettrés (principalement confucianistes), Qin Shi Huang Di ordonne le massacre de quatre cents d'entre eux, dans la capitale Xian Yang, en 213 av. J.-C. Parallèlement, il prescrit un gigantesque autodafé. Seuls certains ouvrages de médecine, d'agronomie et de divination sont épargnés.
Dynastie Han (206 av. J.-C. - 220 apr. J.-C.)
Cette dynastie est divisée en deux périodes: les Xi Han (Han de l'Ouest) ou Han antérieurs, de 206 av. J.-C. à 6 apr. J.-C., et, après l'éphémère dynastie Xin, les Dong Han (Han de l'Est) ou Han postérieurs, de 25 à 220 apr. J.-C. L’époque des Xi Han est marquée par le développement de la médecine et de la pharmacopée. C'est probablement au Ie s. av. J.-C. que fut rédigé le premier traité de matière médicale : le Shen Nong Ben Cao Jing (Traité de matière médicale de Shen Nong). Le plus célèbre médecin de cette période est Chun Yu Yi, qui vécut au IIe s. av. J.-C. Connu pour sa riche expérience médicale et pour la rigueur et la précision de ses3 comptes-rendus cliniques, incluant notamment une analyse statistique des résultats thérapeutiques, il est un précurseur des méthodes de recherche scientifique en médecine chinoise.
A l'époque des Dong Han, les deux médecins les plus célèbres sont Zhang Zhong Jing (150-219) et Hua Tuo » (?-208).
Zhang Zhong Jing est considéré comme le fondateur de la méthode Bian Zheng Lun Zhi qui consiste à établir le traitement de la maladie en fonction de l'analyse dialectique des symptômes conduisant à un diagnostic différentiel sous forme de tableaux cliniques précis. Il rédige une des oeuvres majeures de la médecine chinoise, le Shang Han Za Bing Lun, qui sera ultérieurement divisé et réorganisé en deux parties : le Shang Han Lun (Traité du Froid Nocif) et le Jin Kui Yao Luë Fang Lun (Traité des prescriptions de la Chambre d'Or). Ces deux livres demeurent une référence dans la pratique moderne de la médecine chinoise. Hua Tuo, dont nous ne connaissons pas précisément la chronologie, fut le grand chirurgien de cette époque. Il développa la pratique de l'anesthésie générale, à base de chanvre indien. On lui attribue de nombreuses opérations spectaculaires (laparotomie, greffes d'organes, résections intestinales... ), dont une part revient probablement à la légende. Il fut également acupuncteur et instigateur de méthodes d'hydrothérapie.
Des Trois Royaumes (220-265) aux dynasties du Nord et du Sud (420-589)
Durant cette période, la médecine se développa sur divers plans. Huang Fu Mi (214-282), contribua au développement de l'acupuncture, en apportant de nombreuses précisions sur les méridiens et les points, dans le Zhen Jiu Jia Yi Jing (Compendium classique d'acupuncture et de moxibustion). Wang Shu He (210-285) rédigea le Mai Jing (Classique des pouls), premier traité de référence sur le diagnostic par les pouls, dont l'influence ultérieure fut considérable, y compris au Moyen-Orient et en Europe. Il réorganisa également le texte du Shang Han Za Bing Lun.
Zhen Jiu Jia Yi Jing « ABC d'acupuncture et de moxibustion »
Ce livre de Huang Fumi (215-281) reprend le Su Wen et plus particulièrement le Ling Shu qu'il enrichit considérablement ainsi . que le Ming tang kong xue zhen jiu zhi yao qui a été perdu depuis ; il reste l'ouvrage de référence des acupuncteurs. Le traitement par acupuncture des différentes maladies est abordé dans les volumes VII à XII. Le Jia Yi Jing actuel est la version publiée en 1601 dans la compilation Gu jin yi tong zheng mai quan zhu.
Mai Jing « Traité des pouls »
Ecrit par Wang Shuhe (210-286), ce traité reprend la présentation des pouls des ouvrages antérieurs de Bian Que, de Huao Tuo, de Shunyu Yi, du Nan Jing et que l'auteur classe en vingt-quatre catégories avec leurs significations respectives.
L'influence sur l'étranger fut profonde : au VIesiècle il fut introduit en Corée et au Japon, au XIe siècle en Arabie, au )aile en Inde, puis traduit en turc en 1313. A cette époque, l'influence taoïste est grandissante. Ge Hong (281-341) rédige un remarquable traité d'alchimie, de diététique et de magie, le Bao Pu Zi Nei Wai Bian. Il est également l'auteur du Zhou Hou Bei Ji Fang. L’apport de Ge Hong comprend également des méthodes de prévention et de longévité, fondées sur le Dao Yin (ensemble de techniques physiques et énergétiques associées à la respiration), la diététique et la pharmacopée. On lui doit également la description de la variole, de la tuberculose, de la peste, de l'hépatite virale, de la lymphangite aiguë, et des découvertes utiles dans le domaine de la thérapeutique.
Zhou Hou Fang « Prescriptions d'urgence »
Encore appelé Zhou Hou Bei Ii Fang, cet ouvrage en huit rouleaux a été écrit par Ge Hong (281-341), auteur du Boo Pu Zi. Dans la partie intitulée « Yu On Fang », il expose des prescriptions d'urgence pratiques et efficaces, ainsi que des techniques de moxibustion utiles aux médecins. Au début, ce livre s’intitulait Zhou Hou Jiu Zu Fang ; il fut complété par Dao Gongiing à l'époque Liang et devint alors le Su Jue Zhou Hou Bai Yi Fang. Après que Yang Yongdao eut ajouté des ordonnances du Lei zheng Ben Cao, il prit le nom de Fu Guanq Zhou Hou Fang qui correspond au livre actuel Zhou Hou Fang reflètant le niveau de connaissances de la médecine antérieure aux Jin.
Tao Hong Jing (452-536), autre maître taoïste, est considéré comme une sorte de génie tant ses compétences et talents furent étendus. Mathématicien, astronome, alchimiste, calligraphe et médecin, il est surtout connu pour sa contribution à la pharmacologie chinoise classique.4
Dynasties Sui (589-618) et Tang (618-907)
Cette époque marque l'avènement d'une sorte d'âge d'or pour la Chine, plus particulièrement au VIIIe et au début du IXe siècle. La relative stabilité politique favorise le développement de l'économie, des sciences, des arts et des techniques. Les fonctionnaires étant sélectionnés sur concours écrits, l'administration est contrôlée par des personnes relativement érudites, et les charges officielles n’étant pas héréditaires, cela a génère une émulation intellectuelle dans la jeunesse. Le développement du système juridique conduit à l'utilisation systématique des contrats, des fiches d'identités, des empreintes digitales et des mesures anthropométriques. L'enseignement de la médecine chinoise devient officiel et, à partir de 624, les études sont sanctionnées par des examens d'Etat. Le premier codex pharmaceutique, le Tang Ben Cao (matière médicale des Tang) est rédigé en 659, sur ordre impérial. Chao Yuan Fang (550-630) rédige le premier traité d'étiologie et de symptomatologie, le Zhu Bing Yuan Hou Zong Lun. L’ophtalmologie, la pédiatrie, l'obstétrique, la chirurgie font l'objet de nouvelles études. Les exégèses de textes anciens se développent. Yang Shang Shan, puis Wang Bing, produisent les deux plus importantes versions commentées et réorganisées du Nei Jing Su Wen, qui servent encore, de nos jours, de référence. Le plus fameux médecin de cette époque est indiscutablement Sun Si Miao (581-682). Médecin accompli, grand érudit, connu pour sa profonde sagesse, il vécut en ermite, refusant les honneurs et les postes élevés qui lui furent offerts successivement par deux empereurs. On lui doit notamment une œuvre remarquable, le Qian Jin Yao Fang et son complément, le Qian Jin Yi Fang. C'est sous les Tang que les échanges avec l'Inde, la Perse et Byzance atteignent leur apogée, ce qui conduit à l'introduction de nombreuses substances exotiques dans la pharmacopée chinoise.
Qian Jin Yao Fang « Prescriptions volant mille onces d'or »
Sun Simiao (581-682) était avant tout un phytothérapeute qui considérait que l'acupuncture, la moxibustion et la phytothérapie étaient des thérapeutiques complémentaires. Son ouvrage, le Qian jin yao fang achevé en 652, se présente comme un recueil de prescriptions qui s'adressent aux maladies externes, aux maladies internes, aux maladies de la femme et de l'enfant. Deux des trente rouleaux sont consacrés à l’acupuncture et à la moxibustion.
Dans sa description de l'emplacement des points, Sun Simiao ne suit pas l'ordre des méridiens mais établit un classement par régions du corps avec des subdivisions.
Qian Jin Yi Fong « Prescriptions annexes »
Trois rouleaux de ces annexes écrites à la fin de la vie de Sun Simiao sont consacrés à l'acupuncture. La description de l'emplacement des points d'acupuncture et les interdits sont semblables mais les indications thérapeutiques complètent celles du Qian jin yao fang.
Dynastie Song du Nord (960-1127)
Sous les Song, de nombreuses découvertes techniques auront une influence sur la médecine. La découverte de l'imprimerie à caractères mobiles permet la diffusion du savoir médical. L'utilisation de la distillation permet la production de nouvelles substances thérapeutiques. L’anatomie fait des progrès, en partie dus au développement de la dissection dans la médecine légale. La variolisation est introduite en 1014 par Wang Dan; elle restera cependant une pratique populaire, à l'écart de la médecine savante. La localisation des méridiens et des points se standardise, grâce à la publication de planches d'acupuncture et à la réalisation de Tong Ren (hommes de bronze). Ces statues, de formes et de dimensions humaines, comportaient des petits trous à l'emplacement des points d'acupuncture. Lors des examens, elles étaient recouvertes de cire, de telle sorte que les «points», parfois préalablement remplis d'eau, devenaient invisibles. Le candidat enfonçait une aiguille à l'emplacement, localisé par lui, de tel ou tel point. Si l'aiguille pénétrait profondément, sans résistance, et que l'eau s'écoulait lorsqu'on la retirait, la localisation se révélait correcte.
Dynasties Jin (Nord) (1115 -1234), Song (Sud) (1127-1279) et Yuan (1277-1367)
Cette période est principalement marquée par l'influence de quatre grands maîtres, chacun ayant fondé un courant médical spécifique, issu de son interprétation de certains aspects du Nei Jing et de son expérience clinique.
5 Liu Wan Su (1120-1200) développa la théorie du Feu et de la Chaleur (Huo Re Li Lun) qui repose sur le fait que les Energies Pathogènes se transforment toutes en Feu. Privilégiant l'emploi de remèdes de nature froide (Han) ou fraîche (Liang), il fonda l'« Ecole du Froid et du Frais » (Han Liang Pai).
Zhang Cong Zheng (1156-1228), considérant que l'attention doit être portée en priorité sur l'Energie Pathogène plutôt que sur l'Energie Saine du patient, cette dernière se restaurant naturellement quand l'agent morbide est évacué, fonda l'« Ecole de l'Attaque et de la Purgation» (Gong Xia Pai). Les trois principales méthodes thérapeutiques préconisées par Zhang Cong Zheng sont la Sudorification, la Vomification et la Purgation. Témoin des nombreuses famines qui accompagnèrent la mongolisation durant la dynastie Yuan, Li Dong Yuan (1180-1252) concentra son approche de la pathologie sur l'origine interne des maladies, particulièrement sur l'affaiblissement de la Rate et de l'Estomac. Son système est appelé « Ecole de la Tonification de la Terre» (Bu Tu Pai). Il s'appuie sur la tonification du Qi et du Yang de la Rate (symboliquement reliée à la Terre), grâce à des ingrédients de saveur douce et de nature tiède. Zhu Dan Xi (1280-1358), intégrant les conceptions de ses prédécesseurs à sa propre analyse et à son expérience, fut un grand spécialiste de médecine interne. Son point de vue étant que le Yang est souvent en excès et le Yin en insuffisance, il suggéra comme principe directeur de son système thérapeutique l'enrichissement du Yin et le contrôle du Feu. Il est le fondateur de l'«Ecole de l'entretien du Yin » (Yang Yin Pai). Ces quatre théories, différentes et complémentaires, eurent une influence considérable sur le développement ultérieur de la médecine chinoise.
Dynasties Ming (1368-1644) et Qing (1644-1911)
Cette longue période fut marquée par l'apparition de plusieurs concepts importants.
Le plus célèbre médecin des Ming est probablement Li Shi Zhen (1518-1593). Fils d'un médecin accompli, il consacra trente années de sa vie à rédiger, avec l'aide de sa famille, le traité de matière médicale le plus exhaustif de la littérature classique : le Ben Cao Gang Mu (Compendium de la matière médicale). Cette oeuvre colossale décrit 1 892 ingrédients, contient plus de 1 000 illustrations et plus de 10000 formules. Elle est riche de nombreuses informations sur la botanique, la pharmacopée, mais aussi la zoologie, la minéralogie et l'ethnomédecine, et sert encore de référence aux pharmacologues modernes. Li Shi Zhen a également rédigé une dizaine d'autres ouvrages, dont le célèbre traité sur les pouls Bin Hu Mai Xue. Zhao Xian Ke approfondit le concept du Ming Men, qui complète la théorie des Organes et Entrailles. Ce sujet intéressa aussi Zhang Jing Yue (1563-1640) qui, par ailleurs, rédigea le Lei Jing, la plus importante compilation du Nei Jing, sous les Ming. Ses apports dans les domaines du diagnostic, de la médecine interne, de la gynécologie, de la pédiatrie et de la chirurgie, sont présents dans son oeuvre maîtresse, le Jing Yue Quan Shu «Oeuvre intégrale de Jing Yue». La plus importante synthèse sur l'acupuncture est réalisée en 1601 par Yang Ji Zhou (1522-1620): le Zhen Jiu Da Cheng (Grande compilation sur l'acupuncture et la moxibustion).
C'est à la fin des Ming et durant la dynastie des Qing que se développa l'« Ecole des maladies de la Chaleur» (Wen Bing Xue Pai), marquant un tournant majeur dans l'étude de l'épidémiologie en Chine. Wu You Ke, Ye Tian' Shi, Wu Ju Tong, Xue Sheng Bai et Wang Meng Yin sont les principaux représentants de cette lignée de praticiens qui ont introduit la notion de pénétration de la Chaleur à travers Quatre Couches (Si Fen) et de l'Humidité Chaleur à travers les Trois Foyers (San Jiao). Un autre grand médecin de la dynastie Qing est Wang Qing Ren (1768-183 1). Il fut un réformateur qui s'attacha à purifier la médecine chinoise des erreurs et opinions non fondées qu'elle avait accumulées au cours des siècles. Il rédigea le Yi Lin Gai Cuo (Correction des erreurs médicales) et développa une théorie nouvelle sur les Amas de Sang (Yu Xue).
Epoque contemporaine
La révolution de 1911 marqua la fin de la dynastie Qing. En 1929, des Chinois formés à la médecine occidentale demandèrent l'interdiction de la médecine traditionnelle chinoise. La réaction du public fut très forte et, à l'issue d'un grand rassemblement, le 17 mars 1929 à Shanghai, une pétition fut adressée au gouvernement pour protester contre cette décision. La médecine chinoise fut réhabilitée et, depuis, le 17 mars est fêté comme le jour de la médecine traditionnelle en Chine. Cependant, d'autres conflits, opposant ces deux systèmes médicaux, virent le jour, durant les décennies qui suivirent.
6 A partir des années cinquante, le gouvernement chinois essaya de favoriser la coopération entre ces deux médecines. L’enseignement de la médecine chinoise fut réorganisé, d'abord par l'intermédiaire d'instituts privés, qui furent ensuite nationalisés. Actuellement, dans chaque province, les études de médecine occidentale et de médecine chinoise font l'objet de cycles parallèles de durée identique, sanctionnées par des diplômes d'Etat.
L’Occident a découvert la médecine chinoise à partir du XVI e siècle, essentiellement par l'intermédiaire des missionnaires jésuites. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, de nombreux ouvrages médicaux évoquent les techniques de diagnostic et de traitement de l'Extrême-Orient. Au XIXe siècle, des médecins occidentaux commencent à pratiquer l'acupuncture de façon empirique, du fait de l'absence de sources théoriques. A partir de la fin du XIXe siècle, ce sont les diplomates qui jouent un rôle important dans l'importation de cette discipline. Celui dont l'influence fut la plus déterminante est Georges Soulié de Morant qui, après avoir été consul de France en Chine, au début du siècle, introduisit en France les premiers fondements de cette technique.