« L’hypothèse qui nous semble la plus plausible est que les pesticides de synthèse jouent un rôle », explique Emmanuelle Kesse-Guyot, directrice de recherche à l’Inra (Institut national de la recherche agronomique) et coauteur de l’étude. « Le lien de cause à effet ne [peut pas] être établi sur la base de cette seule étude », précise toutefois l’Inra.
Le journal indique que « près de 70 000 personnes de la cohorte NutriNet ont été interrogées sur leur consommation d’aliments biologiques, puis suivies pendant sept ans, durant lesquels 1 340 cancers ont été diagnostiqués ». « Les gros consommateurs de bio avaient un risque inférieur de 25 % de se voir diagnostiquer un cancer par rapport aux plus faibles consommateurs », rapporte le journal. Chez ces derniers, « on retrouve 6 cas de cancers en plus pour 1 000 personnes », précise Emmanuelle Kesse-Guyot. « Cette association inverse est restreinte aux risques de cancer du sein postménopause et de lymphome », tempèrent cependant trois chercheurs d’Harvard (Massachusetts). « Les auteurs de l’étude française soulignent que cela est compatible avec une responsabilité des pesticides de synthèse, le lymphome étant « le cancer caractéristique des agriculteurs », reprend Le Figaro.
« La prise en compte de plusieurs facteurs de risques pouvant être associés au cancer (hygiène de vie, facteurs sociodémographiques et risques familiaux) « n’a pas modifié les résultats » », estime l’Inra. « Les auteurs n’ont toutefois pas pris en compte l’ancienneté de la consommation de produits biologiques chez les participants », souligne l’article.
Ces résultats « demandent à être confirmés, mais la promotion de la consommation d’aliments biologiques dans la population générale pourrait être une stratégie prometteuse pour lutter contre le cancer », estiment les chercheurs. Mais « c’est aller un peu vite, selon l’éditorial accompagnant l’article, qui souligne certaines faiblesses de l’étude, notamment la difficulté de mesurer la part de l’alimentation biologique avec le type de questionnaire utilisé, et de l’isoler d’autres comportements favorables à la santé », nuance Le Figaro.
De plus, les chercheurs « rappellent en outre que l’alimentation bio coûte cher. Or, il ne faudrait pas que les moins aisés renoncent à la consommation de fruits et légumes ». « Les recommandations actuelles devraient continuer de mettre l’accent sur les facteurs de risque modifiables qui sont appuyés par des preuves solides et encouragent des habitudes alimentaires saines », insistent-ils.
Date de publication : 23 octobre 2018